Introduction à l’étude du Tarot de Marseille.

INTRODUCTION à l’étude du Tarot de Marseille

  Deux outils sont très utiles :

*l’étymologie des mots parce que leur origine résonne et raisonne. Exemple : étymo—vient du grec étios : authentique, vrai et logie— de logos : parole, étude (Je m’aide pour cela du Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey Ed Le Robert) et étude vient d’un mot indoeuropéen signifiant mouvement et rencontre impliquant l’intellect, l’intelligence (latin inter : entre et ligere : cueillir, rassembler, lier), l’étude est le lieu de mouvements et de rencontres spirituelles, d’esprit.

*la langue des oiseaux : le son d’un mot peut signifier autre chose que le sens qu’on lui donne, exemple : lame (de couteau, de tarot) et l’âme, un mot-des maux ou une phrase : je me sens sûr/ je me censure. L’écoute avec la langue des oiseaux permet d’entendre autre chose que ce qui est dit et donc d’être en contact par l’oreille avec de l’invisible.

Trois phrases accompagnent l’étude :

 « Deviens qui tu es » formulé par Nietzsche et avant lui Pindare, ce qui est une façon de répondre à la question qui suis-je ? Être soi par soi, en soi.

 « Le visible est un invisible élevé à l’état de mystère ». (Novalis) par exemple un arcane (étymologie petit coffret) du TM est visible et révèle quelque chose d’invisible sous une forme mystérieuse que nous pouvons découvrir en voyant l’image.

Et « l’image montre et le symbole dit le sens ». (Bachelard) parce qu’après avoir vu , nous allons regarder et aller entendre ce que disent les symboles dessinant l’image. 

On sait peu de choses sur l’origine du Tarot sinon qu’avant le début du XV ème siècle les jeux de cartes n’existent pas.

 Aussi peut-on inventer une histoire :

« on est à la fin du Moyen Age c’est la chasse aux alchimistes et autres ‘’sorcières-sorciers’’. Certains d’entre eux se réunissent et cherchent comment transmettre la connaissance accumulée depuis l’antiquité (alchimie, médecine de l’âme, philosophie et psychologie entre-autres, (qui fontplus particulièrement l’objet de mon étude). Ecrire un livre ? il peut être brûlé, transmettre oralement ? le risque est la déformation involontaire, c’estalors que le plus facétieux propose d’inventer un jeu avec ses règles du jeu car l’être humain est un joueur depuis l’aube des temps et sans règles on ne peut pas jouer. » Ainsi aurait été inventé le Tarot avec d’emblée ses règles du jeu-je.

78 cartes dont 22 majeurs ou atouts (à tout–a tout), numérotées de 1 à 21 plus une sans nombre (Le Mat), 16 figures ou honneurs qui symbolisent l’être humain dans le monde des relations humaines et 40 nombres ou mineurs réparties dans 4 ‘’couleurs’’ : Denier (carreau), Bâton (trèfle), Epée (pique) et Coupe (cœur) qui symbolisent les 4 éléments (Terre, Feu, Air, Eau ) actifs dans la vie humaine et terrestre. Au total 78, pourquoi ce nombre 78 ? on peut se référer à l’évangile de Luc qui donne la généalogie de Jésus en remontant jusqu’à Adam : 77 ancêtres+Jésus=78 et du coup Le Mat peut être une représentation du symbole imagé par le personnage biblique Jésus.

Dans cette étude il sera fait référence aux textes bibliques ainsi qu’à des philosophes : Platon, Epicure, Spinoza, Montaigne, des mythes grecques et des contes qui constituent la matière première de notre culture et dont le Tarot transmet la connaissance.

 Trois mots existent pour désigner les morceaux de cartons imprimés :

Carte (carton) qui évoque dans la langue des oiseaux les cartes géographiques et les chemins qui s’y tracent,                              lame (matière fine) et l’âme en langue des oiseaux (selon Spinoza ce qui enveloppe le corps),                                                     arcanes (latin arcanus : secret, caché, mystère, dérivé d’arcus : coffre, arche ; l’arche d’alliance dans l’Ancien Testament et dans Indiana Jones !).

Ces feuilles d’un livre d’images-magies (anagramme) donnent accès à la gnose, la connaissance de l’être humain. La gnose désigne la connaissance des mystères (mis (en) terre, enfoui), sont étymologie est gnosis : connaissance de ce qui est caché et connaissance vient de cum gnosis.

La méthode utiliséepour la lecture des arcanesest celle de Siménoïde de Chéops (500 avant notre ère) dite méthode des « locis » (lieux de questionnement) qui propose d’observer le tangible –ce qu’on peut toucher, voir, sentir, goûter, entendre- pour accéder à l’intangible – ce qui nous touche. Exemple : les lames sont des portes avec clé(s) et serrure(s), la serrure c’est l’observation et les questions qu’elle provoque (qu’est-ce que ce bâton blanc au cou du Mat ?), la clé, ce sont les mots qu’on va découvrir pour nommer ce qui était dans le non encore (en corps) dit. Se poser des questions c’est commencer à chercher à se comprendre, analyser, se donner des réponses passer du savoir à la connaissance.

Une seule contrainte ne prendre en compte que ce qu’on voit (La Maison Dieu n’est pas un symbole de catastrophe (fausse interprétation) car la tour n’est pas en train de s’écrouler) et une grande liberté : entendre son imaginaire, être à l’écoute des émotions, des sentiments, des réflexions que génère en soi une carte car c’est par l’émotion (exmovere : se mettre en mouvement en se sortant de) que l’être humain évolue en transformant ce qui le touche en sentiment puis en sens.

Structure des cartes majeures :

Trois parties :

en bas un cartouche : le nom, l’identité, le corps,

au milieu l’image : miroir, psyché, là où, en nous, nous nous pensons (pansons). Pour le Larousse la psyché est ‘’le siège de nos affections’’ Affection a deux sens : amitié pour, tendresse ou souffrance, déséquilibre. Notre psychisme ou mental exprime sa souffrance par deux formes de symptômes (schématiquement) : soit la psychose qui est une attitude de régression à un comportement de l’enfance, sans symbolisation avec une altération de la réalité ,(heureusement très peu d’entre nous souffrent ainsi) et la névrose  (nerfs serrés), ressenti d’angoisses, de peurs, d’empêchements (notre lot commun !) qui génèrent l’envie d’en sortir, de défusionner d’états de souffrances- de se séparer d’attentes non satisfaites pour devenir ce qu’on est : un être humain qui se conjugue … je suis, tu es, nous sommes humains,                                                                                                                                                   en haut un cartouche avec un nombre, symbole intangible de l’ordre, la cohérence, l’esprit-intelligence. L’univers, de la vie sur et dans la terre aux mouvements des galaxies est structuré par des nombres.

Le Mat n’a pas de nombre (visible), pourquoi ? le treizième arcane n’a pas de nom, pourquoi ?…

               Les cartes sont colorées de 7 couleurs                                comme dans l’arc en ciel et si on utilise la méthode des locis, leur symbolique est très simple à lire pour pouvoir ensuite interpréter le pourquoi de la robe bleue de la Justice :                                                                                   

le rouge  c’est le sang, la vie, la force,  

le jaune c’est la lumière, le soleil, l’or, la richesse,

le bleu c’est le ciel et la mer, le haut et le bas avec l’eh qui s’élève de l’un vers l’autre,

le blanc c’est la neige, la pureté, le simple-unifié et ce qui reste en blanc aussi (à remplir),

 le noir c’est ce qui est dans l’obscurité et porte la lumière en soi, la nuit porte le jour, le charbon le diamant,

 le vert c’est l’arbre, la fécondité, la pérennité,

et la couleur chair c’est le corps (la si chère chair qui fait qu’on préfère donner sa bourse que sa vie).

Gématrie (ou gématria) avec les nombres et les lettres :

A première lettre de l’alphabet correspond avec le nombre1, B=2, G=7, V=22, Z=26 donc chaque lame du Tarot correspond à une lettre : Le Bateleur (1) et A, La Justice (8) et H, La Maison Dieu (16) et P, ensuite W (23) est associé à l’As de Denier, X (24) à l’As de Bâton, Y (25) à l’As d’Epée, et Z (26) à l’As de Coupe. Mais à quelle carte du Tarot peut être associée la lettre V puisqu’il n’y a que 21 arcanes numérotés ? Au Mat qui peut avoir n’importe quel nombre et tous les nombres dans son cartouche supérieur.

On peut à partir de ces correspondances lettres-nombres prendre en compte que dans l’initiale (début, premier) de notre prénom et de notre nom on peut associer des lames du Tarot :F : VI- L’Amoureux et T : XX- Le Jugement. De même on peut calculer un nombre somme des lettres qui composent un mot et l’associer à un autre mot ayant la même valeur numérique, par exemple ‘’Âme’’ (a1+m13+e5= 19) et ‘’Adam’’ (a1+d4+a1+m13= 19) ou bien encore : ‘’Deviens qui tu es’’ (190) a la même valeur que ‘’en toute conscience’’ ou ‘’Le visible est un invisible élevé à l’état de mystère’’=497 comme ‘’Faire de la connaissance androgyne l’expérience du sujet’’(Citation de Jean Assens ). Bien entendu ce ne sont que des analogies, des ressemblances fortuites, des hasards, raison pour laquelle Le Mat = 51 tout comme ‘’hasard’’.

Les complémentaires :

Il y a vingt-deux lames majeures on peut les « marier » de façon à obtenir cette somme de 22 en mettant Le Bateleur-1- avec Le Monde-21, La Papesse-2 avec Le Jugement-20 et donc Le Pape avec L’Etoile (c’est osé !) mais ainsi on découvre qu’une carte n’est jamais à considérer seule, elle porte en elle une autre carte qui la complète. Mais que faire de La force ? 11 + 11 , et bien on peut lui associer Le Mat en lui donnant la valeur 11 c’est d’ailleurs facilité par le fait qu’on a deux personnages et une bête dans chacune des deux lames et de plus un homme et une femme qui nous invitent à réfléchir comment marier masculin et féminin en nous sur le plan psychique pour vivre avec un équilibre actif en nous.

Cette recherche de l’union des différences (mâle-femelle, masculin-féminin, âme-esprit, anima-animus, réceptif-actif) est un fil rouge, tout au long des arcanes qui nous invitent à œuvrer pour développer en nous la conscience androgyne (andros : mâle, gynos : femelle).

                                                                                                                       F.Tarche.